Les sites bâtis en mutation – Entre histoire et avenir

Depuis quelques années en Suisse, l’aménagement urbain et local doit faire face à des exigences complètement nouvelles. Le maître-mot est maintenant : densifier vers l’intérieur. Ce sont des espaces déjà densément occupés qui devront absorber une grande partie de la croissance attendue dans la population et les emplois. Pour les villes et les communes, il s’agit de rendre ce développement possible et de le guider au moyen d’instruments de planification appropriés.

Tous ont intérêt à ce que le développement de nos sites bâtis soit mené avec soin : les communes, les organes chargés de l’aménagement, les propriétaires, la population. Ce développement doit créer des milieux de vie attrayants, fonctionnels et générateurs d’identité. Il n’y a pas de contradiction irréductible entre la protection des sites bâtis de qualité et le développement urbain vers l’intérieur, qu’une bonne planification et une véritable collaboration peuvent judicieusement réunir.

L’aménagement de notre environnement bâti est tout sauf un acte anodin. Nous sommes appelés à participer au façonnement du milieu dans lequel nous vivons. Maints aspects de notre vie sont influencés par les lieux où nous habitons, travaillons, allons à l’école ou passons notre temps libre. L’environnement dans lequel nous évoluons modèle notre quotidien, la qualité de notre vie et la perception que nous en avons. S’intéresser au lieu où l’on habite n’est pas un vain effort : cela donne l’occasion d’en reconnaître les qualités et les racines d’où germe l’identité, de les renforcer et de les développer.

Un site construit, qu’il se soit formé par croissance spontanée ou par un plan délibéré, est la physionomie d’un lieu habité. Résultat de siècles d’évolution, il reflète l’histoire économique, sociale et culturelle de l’endroit. L’interaction des bâtiments – leur disposition, par exemple, leurs proportions ou la situation dominante de certains d’entre eux – est un facteur important de l’aspect du site construit. Non moins marquants sont les espaces intermédiaires : rues, places, jardins, parcs. L’environnement – montagnes, lacs, forêts, industries – contribue aussi à l’aspect général d’un site bâti.

La première impression que l’on se fait d’une ville ou d’un village doit beaucoup au site bâti. Celui-ci n’est pas une simple addition d’éléments : il exprime des traits particuliers, une diversité, une évolution historique et donne au lieu son identité propre.

La protection des sites bâtis est une responsabilité partagée de la Confédération, des cantons et des communes, mais aussi de la population. La Constitution fédérale oblige, dans les tâches fédérales, à prendre en compte la protection de la nature et des sites. Il incombe aux cantons d’intégrer les intérêts de la protection dans les plans directeurs et les plans d’affectation.

Les communes jouent un rôle-clef. Ce sont elles qui réalisent concrètement les objectifs de l’Inventaire des sites construits à protéger (ISOS), qui mettent en balance les intérêts et se prononcent sur les demandes de permis de construire. Les propriétaires, les aménagistes, les architectes et les citoyens sont également appelés à assumer leur responsabilité envers le patrimoine bâti.  

Les communes, les aménagistes et les propriétaires disposent de plusieurs instruments pour assurer la qualité du développement des sites bâtis. Ils contribuent ainsi à la mise au point de solutions qui soient convaincantes tant sur le plan du fonctionnement pratique que sur celui de l’aménagement spatial, et qui tiennent compte du caractère du site.

Les concours d’architecture permettent de choisir entre plusieurs projets celui qui propose la meilleure solution, avec pour critères premiers la qualité, la durabilité et l’adéquation au site bâti. Les mandats d’étude – de même que les concours – permettent une diversité d’approches et une étude approfondie des tâches dans toute leur complexité. Les planifications-tests sont particulièrement utiles dans les phases initiales. Elles servent à vérifier les différentes options et à évaluer leurs effets sur le site bâti.

L’étude de faisabilité est un moyen de s’assurer qu’un projet peut être réalisé à un endroit donné, des points de vue technique, juridique et économique. La procédure accompagnée et les expertises permettent une prise en compte, dès le début, des aspects liés au site bâti et à sa conservation. Elles favorisent le dialogue entre toutes les personnes concernées et contribuent à la qualité des prises de décision.

Au sein du Service des monuments historiques, l’équipe de la conservation des sites construits aide les communes dans leurs procédures d’aménagement.  Quelques exemples concrets, les difficultés rencontrées et les solutions trouvées sont présentés dans l'article « Analyser une localité pour des projets dans son tissu bâti ». Un architecte, une architecte paysagiste et un urbaniste expliquent en outre leur point de vue sur l’évolution qui se produit dans nos sites bâtis ainsi que sur les opportunités et les défis qui en découlent.