Entretien avec Fritz Schär

Fritz Schär, en tant qu’architecte, membre de jury et expert, vous avez une longue expérience de la construction dans des sites historiques. Quelles sont les qualités qui distinguent un site bâti ?

Un site construit se compose de divers éléments : des bâtiments, mais aussi des rues, des places, des jardins, des espaces non bâtis, des arbres. C’est l’ensemble qui produit un effet et d’où résulte la qualité. Il est essentiel que ces éléments interagissent. La moindre atteinte à un endroit peut gâcher l’image. Toute intervention doit donc se faire avec précaution : il y va de la qualité de nos espaces d’activité.

Les exigences envers les sites bâtis ont-elles changé depuis quelques années ?

La densification est une stratégie importante si l’on veut préserver les terres cultivées et les paysages. Mais dans les sites bâtis dignes de protection, elle peut se révéler très problématique. Dans la pratique, les critères de qualité ne jouent souvent qu’un rôle secondaire : le maître-mot, c’est la rentabilité. Avec pour résultat des bâtiments de grandes dimensions où l’on ne se soucie que de respecter les distances aux limites, sans égard pour l’environnement architectural ou pour les espaces non construits.

Comment, malgré la pression, maintenir et développer la qualité ?

La qualité et les transformations doivent faire l’objet d’un dialogue constant. Une mesure simple et éprouvée consiste à adapter la valeur des terrains en fonction du coefficient d’utilisation acceptable localement. Les considérations de pure rentabilité pèsent ainsi moins lourd. Pour des projets d’une certaine dimension, il est utile de recourir à des procédures visant à garantir la qualité, comme les planifications-tests, les mandats d’étude parallèles ou les ateliers. Et il existe un grand potentiel dans le développement de la substance bâtie existante, qui est un moyen de la mettre en valeur durablement et d’en préserver les qualités. On continue ainsi d’écrire l’histoire du lieu.