C’est une tâche exigeante que de réaliser des projets dans une structure bâtie formée au cours du temps. Il faut maintenir et renforcer les qualités existantes, concilier des intérêts divers et prendre en compte des besoins nouveaux. Tout cela afin de contribuer à la qualité de la vie dans nos agglomérations.

La révision de la loi fédérale sur l’aménagement du territoire, il y a une dizaine d’années, a amené beaucoup de communes bernoises à engager une réflexion approfondie sur leur développement. Elles ont modifié leurs règlements des constructions et leurs plans d’affectation, défini des zones de développement, mis les différents intérêts en balance et réalisé des projets.
Une densification de qualité à l’intérieur du milieu bâti existant exige une analyse détaillée du lieu et de ses particularités. L’approche doit être globale et intégrer autant les besoins sociaux que les exigences futures et le potentiel urbanistique. Le lieu bâti, c’est notre espace d’activité, la base de notre identité et de notre vie en commun.
Le Service des monuments historiques conseille les communes, les aménagistes et les propriétaires dans les questions concernant le site construit et dans le choix de la procédure appropriée. Le rôle essentiel revient toutefois aux communes. Trois exemples du canton de Berne montrent des voies possibles.
Langenthal : les stratégies de développement d’une commune centre
Dans son plan local d’urbanisme de 2017, la ville de Langenthal a fixé les lignes directrices du développement territorial des prochaines décennies. L’accent a été mis sur de grandes aires, dont le développement marquera la structure urbaine.
Pour ce qui concerne les projets de construction de petite et moyenne ampleur dans des endroits sensibles – bâtiments ou ensembles construits inscrits au recensement architectural –, Langenthal recourt à des procédures déjà bien éprouvées d’ateliers. Les propriétaires et des professionnels du bâtiment y sont invités, ainsi qu’un groupe d’experts externes, spécialistes en urbanisme, et des représentants de la commune et des Monuments historiques. Ces ateliers sont l’occasion de confronter, assez tôt, les divers intérêts et exigences, et, par un travail commun, de dégager les qualités urbanistiques. Partant de là, une équipe de planification définit les conditions générales, les objectifs et les questions clefs pour la suite de la mise en œuvre.
Pareille procédure a l’avantage d’être transparente, de favoriser le dialogue et de garantir la qualité. Le Prix Wakker décerné en 2019 par la section bernoise de Patrimoine Suisse a été la consécration de ce succès. Parmi les projets récents figurent la maison à galeries sur le site de l’ancienne halle aux fleurs de Häusermann SA, ou encore le groupe d’immeubles des Pappelhöfe, qui en 2024 a reçu la Distinction bernoise de la culture du bâti.
Mon lieu – Voix de Langenthal
«Langenthal bedeutet für mich Lebensqualität, kurze Wege und ein Stück Heimat.»

Claudia Neukomm vit et travaille à Langenthal
« J’ai emménagé à Langenthal il y a 35 ans – depuis le canton de Lucerne, où j’ai grandi et effectué mon apprentissage. Avec mon mari, nous avons choisi Langenthal comme lieu de vie : un endroit central, aussi pour nos trajets – j’y vais confortablement à vélo. La qualité de vie, c’est pour moi les courtes distances, la proximité de Berne ou Zurich, ainsi que l’offre variée sur place – même si certains commerces ont disparu dernièrement. J’apprécie tout particulièrement les nombreux espaces verts, même en centre-ville, le « Schorenhoger » ou la vivante « Märitgasse ». L’urbanité est importante pour moi, c’est pourquoi j’aime travailler en centre-ville. Pour moi, les bâtiments historiques font tout le charme de la ville – ils font autant partie de Langenthal que les pavés font partie des rues. Pour l’avenir, j’espère que la ville gardera son caractère et restera aussi agréable à vivre dans 50 ans qu’elle l’est aujourd’hui. »
« Les nouvelles constructions doivent s’intégrer harmonieusement dans l’environnement existant. »

Adrian Berchtold travaille à Langenthal
« Je travaille à Langenthal depuis vingt ans, mais j’habite aux alentours. Ce que j’apprécie à Langenthal, c’est que la taille de la petite ville est raisonnable et que l’infrastructure est bonne. Ici, on se connaît, on peut croiser facilement des connaissances, échanger, vivre en communauté. De ce point de vue, Langenthal a gardé son caractère villageois. C’est cela, pour moi, la qualité de vie. Mon lieu de travail se situe dans l’ancienne fabrique de porcelaine. Tout le site et les locaux ont un charme particulier. Je trouve important que les bâtiments historiques soient conservés et réutilisés. En même temps, il faut intégrer intelligemment les nouvelles technologies comme les panneaux solaires ou d’autres mesures. Les nouvelles constructions doivent être conçues pour s’intégrer harmonieusement dans l’environnement existant. »
Rapperswil : le développement dans un espace rural

Même les petites communes, dans leur développement, ont de lourds défis à affronter. Selon le plan directeur cantonal, Rapperswil fait partie de l’espace de développement « espaces ruraux à proximité d’un centre urbain ». Aux nouveaux besoins en logement, il faut répondre à l’intérieur des zones à bâtir existantes. En matière d’aménagement local, la commune de Rapperswil dispose d’un règlement des constructions, d’un plan des zones d’urbanisation et d’un plan des zones protégées. À l’intérieur périmètre du site construit, les nouvelles constructions et les transformations doivent bien s’intégrer dans le tissu bâti existant.
Ces dernières années, des projets de construction ont été élaborés pour plusieurs parcelles en bordure du village. Les directives applicables au périmètre du site construit ont amené, pour les projets en cours, à engager au préalable une procédure qualifiée. Ici aussi, on a organisé des ateliers avec un groupe d’experts indépendants, où les Monuments historiques étaient représentés. En collaboration avec les responsables des projets, l’équipe de planification et les représentants de la commune, le groupe d’experts a étudié toutes les questions relatives à la qualité et à l’intégration des constructions. L’état actuel des projets a été examiné au cours de plusieurs ateliers, tandis que l’équipe de planification intégrait au fur et à mesure les remarques faites à cette occasion. Même dans des situations complexes au départ, une procédure de ce genre offre une grande sûreté de planification.
Pieterlen : une analyse du site comme base des lignes directrices d’aménagement

En 2023, la commune de Perles a fait procéder à une analyse de la localité, se fondant en cela sur son règlement des constructions. Perles a pour noyau un village paysan antérieur à l’ère industrielle. Quelques éléments typiques se voient encore dans le centre, en dépit des très importantes transformations qu’a connues le site bâti au cours du siècle dernier. Au terme de l’analyse ont été décrits les zones caractéristiques et les éléments visibles.
Le rapport d’analyse constitue une base pour les lignes directrices d’aménagement applicables à la zone de conservation du site construit. Ces lignes directrices, qui ont force obligatoire pour les autorités, servent à l’appréciation des demandes préalables et des demandes d’autorisation de construire. Les propriétaires et les professionnels du bâtiment y trouvent des indications pour leurs projets.
La procédure visant à garantir la qualité, un avantage pour tous
L’urbanisation vers l’intérieur et le développement de nos villages et de nos villes nous concernent toutes et tous. Il ne peut y avoir de développement de qualité que si les communes le prennent en mains et y associent suffisamment tôt des spécialistes et les organes concernés. C’est une tâche exigeante.
Les procédures visant à garantir la qualité peuvent se révéler très utiles. Des bureaux d’étude expérimentés accompagnent les travaux, conseillent les communes et veillent à ce que les étapes soient bien définies. Dans une procédure qualifiée, tous les acteurs importants sont réunis dès le début. C’est ainsi que peuvent se dégager des solutions recueillant une large adhésion et ayant de bonnes chances d’être approuvées.
Les procédures visant à garantir la qualité rendent la planification plus sûre, favorisent la confiance et contribuent à un développement durable de nos sites bâtis et de nos espaces d’activité – cela pour la population d’aujourd’hui et pour les générations à venir.
Qu’est-ce qu’une procédure visant à garantir la qualité ?
Pour intégrer des constructions nouvelles dans un centre ancien ou à proximité d’un monument historique, il faut prendre en compte des intérêts divers. Une procédure qualifiée permet de réunir dès le début des représentants de tous les intérêts en jeu. Les maîtres d’ouvrage, les communes, les professionnels du bâtiment et les services spécialisés collaborent avec des experts indépendants, ce qui garantit une solution optimale, élaborée sur une large base et ayant de bonnes chances d’être approuvée. Comme procédures visant à garantir la qualité, l’ordonnance sur les constructions reconnaît : les concours, les mandats d’étude parallèles, les procédures d’atelier et d’expertise.
Guide d’aménagement local
Le guide d’aménagement local « Le site construit en point de mire », édité par l’Office des affaires communales et de l’organisation du territoire, est un outil destiné aux autorités, aux spécialistes et aux particuliers. Il complète le guide d’urbanisation interne et décrit les facteurs essentiels de réussite :
- avoir conscience de l’importance des sites construits
- prendre en mains le développement local
- demander les conseils de spécialistes pour l’analyse du site
- travailler en partenariat avec les propriétaires
- engager des procédures visant à garantir la qualité
- sensibiliser au patrimoine bâti

Texte : Équipe de redaction
Photos : Alexander Gempeler, Dominique Plüss, Architektur Stauffer AG, Panorama AG
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