Du rêve chevaleresque à l’espace culturel
D’abord résidence seigneuriale, le château d’Aarwangen est devenu un siège de bailliage bernois, puis un bâtiment administratif moderne comprenant des bureaux, un tribunal et une prison. C’est un nouveau chapitre qui s’ouvre maintenant, depuis que la Fondation du château d’Aarwangen a transformé cet ensemble historique en un lieu vivant de rencontres et d’événements.

Texte : Barbara Frutiger
Photos : Dres Hubacher, Mark Drotsky Architekturfotografie
Fachwerk 2025
Texte : Barbara Frutiger
Photos : Dres Hubacher, Mark Drotsky Architekturfotografie
Fachwerk 2025
Les résultats de l’étude archéologique

Les travaux ont donné l’occasion au Service archéologique cantonal d’effectuer des investigations dans le sol et sur les murs en élévation. Il a ainsi été possible de déterminer la date de construction de la tour et du logis seigneurial. Deux poutres de plafond de la tour principale, l’une au niveau d’entrée et l’autre à l’étage le plus élevé, ont ainsi révélé une date d’abattage en automne/hiver 1265/1266, tandis que le bois de la poutraison du plancher du logis seigneurial a été abattu en 1373. Après l’annexion d’Aarwangen au territoire bernois en 1432, le château a été régulièrement adapté à l’évolution des besoins. Au 16e siècle par exemple ont été construits deux fours à pain pour la distribution aux pauvres ; les premières cellules de prison ont été aménagées dans la tour à partir de 1695. Puis des transformations successives dès 1809 ont fait du château un bâtiment administratif comprenant une prison moderne, des bureaux, des locaux d’archives et une salle de tribunal.
Un papier peint redécouvert et mis en scène

Des photographies prises lors d’une restauration dans les années 1960 montrent qu’à l’exception des peintures baroques sur les murs et les plafonds des chambres au sud-ouest de la tour, les décors des phases anciennes avaient largement disparu. Un papier peint anglais a pu néanmoins, par une voie inhabituelle, retrouver le chemin du château. En 2021, le Service des monuments historiques, à la demande de la Bibliothèque de la bourgeoisie de Berne, a examiné des plans et dessins de grand format provenant des archives de l’entreprise H. A. Fischer AG, qui avait participé à la restauration du château dans les années 1960. Or il se trouvait aussi dans ces archives deux rouleaux de papier peint dont l’origine ne pouvait plus être établie, mais qui présentait le même motif que sur les photos. Il s’agit d’un papier peint anglais provenant visiblement d’une pièce du deuxième étage. Il a donc été soigneusement restauré, complété par une technique numérique et intégré à la nouvelle exposition.
Un endroit où il fait bon s’arrêter
Le nouvel ascenseur, judicieusement placé, donne accès aux vastes combles, où ont été aménagés un parcours attrayant présentant des objets historiques, et un accès à la « chambre de la tour ». Le cœur du château est cependant le superbe escalier en vis du 17e siècle, qui relie tous les niveaux depuis les combles jusqu’au restaurant en passant par les salles des jeux d’évasion dans les anciennes cellules de la prison. Culture, jeux, gastronomie : le château d’Aarwangen propose une grande variété d’activités et de découvertes. L’endroit vaut le détour, ne serait-ce que pour la charmante terrasse au bord de l’Aar.
Mesures
Projet de transformation et de réaffectation, 2021–2025
Propriétaire : Stiftung Schloss Aarwangen
Architectes : Müller + Partner Architekten AG, Langenthal, Raffael Egger
Restaurateurs : Fischer & Partner AG Restauratoren, Berne
Maîtres d’état (mesures de conservation) : Egger Bau GmbH, Niederbipp; Rikli AG Holzbau, Wangenried (montage en bois); A. Meyer Bedachungen, Langenthal; Wirz AG Bauunternehmung, Bern (enduits extérieurs); Gebr. Oetterli AG, Altbüron (Gipserarbeiten); Hans Gassler AG, Gretzenbach (peinture interne); Bieler Metallbau AG, Aarwangen; Lüthi + Wyder AG, Bollodingen (menuiserie); Holzhandwerk Peter Lüthi, Schwarzenbach; Roth Schreinerei, Roggwil (menuiserie 1ère étage); ARGE Chantal Schwendener, Conservation Solution GmbH, Münchenstein und Sibylle von Matt, Stans (restauration du papier peint); ABC Parkett- und Teppichmarkt AG, Lotzwil; Rigert Keramik AG, Langenthal; Toprope GmbH, Worb (nettoyage de façade); Moeri & Partner AG, Bern (aménagements extérieurs)
Service archéologique : Marco Amstutz
Monuments historiques : David Spring, Nicolas de Wurstemberger
Mise sous protection : canton 2009
Subventions : canton (fonds de loterie/SID)
Brève information sur l’objet
Château d’Aarwangen, vers 1266
Le château fort médiéval a pour élément central une tour élancée qui s’élève à une hauteur de 30 mètres et présente un appareil de tuf calcaire à bossages. Construite en 1265–1266 par les chevaliers d’Aarwangen juste à côté du pont sur l’Aar, elle servait à servait à la surveillance de cet important lieu de franchissement. En 1363, les seigneurs de Grünenberg firent bâtir le corps de logis, adossé au côté nord de la tour. Aarwangen devint un bailliage bernois en 1432. C’est en 1625 que la tour a pris sa forme caractéristique avec ses pignons chantournés sommés d’une boule d’amortissement, et ses meurtrières circulaires à divers étages. À l’angle sud-ouest de la tour et du logis seigneurial a été ajoutée en 1637 une annexe sur deux niveaux, rehaussée d’un étage en 1667. L’entrée d’origine du logis a été remplacée en 1643 par une tour en tuf calcaire abritant un escalier en vis qui aujourd’hui encore donne accès à tous les étages. Des cellules carcérales ont été aménagées dans la tour à partir de 1695.
Au cours des siècles suivants, les principaux travaux ont été : en 1775 l’agrandissement de la boulangerie au nord-est, sous un toit brisé, puis un réaménagement complet en 1809–1812 et 1816, d’où a résulté la disposition actuelle des pièces et des fenêtres. Durant les 19e et 20e siècles, le château a servi de bâtiment administratif, comprenant une prison moderne, des bureaux, des locaux d’archives et une salle de tribunal. L’aspect actuel doit beaucoup à la restauration générale de 1961–1963.
La couverture de la tour a été refaite à neuf en 2018. À cette occasion ont été constatés des dégâts causés par les intempéries sur le tuf des pignons de 1624–1625, ainsi que sur les boules d’amortissement en pierre artificielle et les girouettes de 1962–1963. C’est un problème qu’avait déjà rencontré le bailli Johann Emanuel Bondeli en 1771 : vu la dégradation des boules d’origine en pierre, il avait alors décidé de les enlever. La tour était ensuite restée garnie de ses seules girouettes jusqu’en 1963. Les rampants des pignons ont maintenant été restaurés, et l’on a posé de nouvelles boules en pierre naturelle et remplacé les girouettes.
Archaeologie Berne 2025
Die prachtvolle Wendeltreppe aus dem 17. Jahrhundert verbindet alle Ebenen miteinander (Foto: Mark Drotsky Architekturfotografie).
Aux combles ont été aménagés un parcours attrayant présentant des objets historiques, et un accès à la « chambre de la tour » (photo : Dres Hubacher).
Restaurant avec vue sur l'Aar (photo : Mark Drotsky Architekturfotografie).
La couverture de la tour avec ses pignons en tuf ont été refaite à neuf en 2018 (photo : Dres Hubacher).
Texte : Barbara Frutiger
Photos : Dres Hubacher, Mark Drotsky Architekturfotografie
Fachwerk 2025